La légende des perles d’argent
Chapitre 1 : Naireïn
On raconte qu'il fut un temps où les mers de Mireaalys tremblaient
sous la colère d'une seule femme. Son nom s'échappe encore dans le vent salé, murmuré par les marins qui craignent la vengeance des flots : Nairaïn , la sorcière à la flamme verte des océans.
Fille du vent et du sel, Naïreïn n'avait jamais appartenu à la terre. Attirée par l'appel de l'océan, elle s'engagea comme simple employée sur un navire marchand, rêvant d'horizons lointains et de légendes oubliées. Mais sous les voiles du bateau où elle servait, une vérité plus sombre se dissimulait. Ce n'était pas un navire de commerce, mais un vaisseau de trafic, chargé d'un trésor que l'on croyait perdu depuis des siècles : des centaines de perles, enfermées dans un coffre d'acajou, luisant d'un éclat presque vivant.
On disait que ces perles avaient été volées par les sirènes, que ces créatures perfides avaient arraché aux hommes ce qu'ils avaient de plus précieux. Mais en découvrant la cale du navire, Naïreïn comprit la supercherie : les véritables voleurs étaient les hommes eux-mêmes. Ils entretenaient le mythe des sirènes voleuses pour couvrir leurs propres pillages et revendaient les perles à prix d'or, s'enrichissant sur les légendes qu'ils avaient eux-mêmes déformées.
Mais la vérité ne reste jamais cachée longtemps sur un navire. Naïreïn fut découverte. Jetée dans la cale, les poignets liés, elle subit le châtiment réservé aux traîtres. Ce fut là, dans l'ombre du bois trempé de sel, que l'équipage découvrit son secret. Sur ses bras, du poignet jusqu'au coude, couraient deux cicatrices fines et pâles, des cicatrices de naissances, vestiges d'un héritage ancien : le pouvoir de la flamme verte, don rare des sorcières de Mireaalys, capables d'ébranler jusqu'aux abîmes.
Le capitaine, un homme exécrable au cœur aussi noir que l'encre des profondeurs, ne croyait pas aux légendes. Pour lui, une sorcière n'était qu'une femme comme une autre, plus dangereuse peut-être, mais tout aussi faible. Mais afin de ne pas prendre de risque avec une créature comme celle ci, Il la fit traîner sur le pont sous les regards impassibles de l'équipage, et sans un mot, il la jeta par-dessus bord.
Mais Naïreïn n'était pas seule dans sa chute. Dans un ultime mouvement, elle s'accrocha au capitaine, l'entraînant avec elle dans les ténèbres de l'océan.
Les flots se refermèrent sur eux. L'eau était lourde, froide, et le sel brûlait sa peau. Elle lutta contre l'homme, son souffle prisonnier dans ses poumons. La lame du capitaine déchira son bras, ouvrant ses cicatrices d'un coup net.
Alors, l'eau se mit à bouillonner.
Une tempête se leva brutalement, de nulle part. Les vagues se gonflèrent comme des bêtes furieuses, et dans les abîmes sombres, une lumière étrange s'embrasa.
Naïreïn avait libéré son pouvoir sans vraiment savoir comment l'appréhender.
Les marins, témoins de l'inimaginable, virent l'océan lui-même se soulever sous sa volonté. Des flammes d'un vert surnaturel jaillirent sous l'eau, dansant entre les remous comme si les abîmes elles-mêmes prenaient feu. Le capitaine hurla avant d'être avalé par l'obscurité.
Lorsque l'orage se calma, Naïreïn dériva, inconsciente, accrochée à une planche brisée.
Des heures plus tard, l'équipage la retrouva. Aucun homme ne songea à l’emprisonner. Ils avaient vu la mer la reconnaître. Ils avaient vu le feu briller sous l'eau.
Alors, un à un, ils mirent genou à terre.
Ce jour-là, une femme est devenue sorcière et une sorcière est devenue capitaine.
Mais Naïreïn n'avait que faire des trésors. Son premier ordre fut clair : retrouver les sirènes et leur rendre ce qui leur avait été volé.
Chapitre 2 : Serena
Le port marchand était un lieu de bruits incessants, de marchandises entassées sous des voiles colorés, et de cris des marchands appelant les voyageurs à acheter leurs biens. La brise marine, lourde de sel, souffle à travers les allées. Naireïn, vêtue de sa robe simple mais marquée de l'élégance d'un corset orné de dentelle, se faufila parmi les étals. Ses yeux observaient tout, scrutant l'horizon à la recherche d'opportunités pour avancer dans sa quête.
Serena, quant à elle, se distinguait parmi la foule. Marchande de renom, elle avait l'allure d'une femme déterminée. Ses yeux perçaient la masse de gens comme des flèches, cherchant la moindre faille où se cacherait un bon marché ou un objet précieux. Ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur ses épaules, et un sourire calculateur se dessinait souvent sur ses lèvres.
Lorsque leurs regards se croisèrent, ce fut comme un éclair dans la nuit. Serena se rapprocha de Naireïn, son regard aiguisé cherchant à percer la véritable nature de la jeune femme devant elle.
Serena souriante, mais les yeux perçants s'annonça
- Tu sembles… différentes. Pas du genre à être ici juste pour acheter des tissus, hein ? Tu cherches quelque chose, n'est-ce pas ?
-Je cherche des réponses. Pas des trésors. a répondu Naireïn
Serena un sourire en coin, intriguée rétorqua
- Des réponses… Qui te dit que ce n'est pas la même chose ? La mer a toujours des trésors à offrir, et parfois, même des réponses. Je pourrais te montrer un endroit où le vent souffle plus fort, là où les choses précieuses sont cachées, si tu veux.
Naireïn savait que Serena était loin d'être ordinaire
-Je n'ai pas besoin de trésors. Les légendes qui hantent cette mer sont bien plus intéressantes.
Riant doucement, un éclat de malice dans les yeux serena s'esclaffa :
- Les légendes, hein ? Tu penses vraiment que les sirènes ne sont que des légendes ? Tu t'aventures dans un territoire dangereux, alors, ma chère.
-Je ne crois pas aux légendes. Je crois à ce que je peux voir. Et parfois, ce que l'on voit n'est pas tout à fait ce qu'on croit.
S'approchent davantage, un air de défi et de curiosité dans ses yeux Serena murmura à l'oreille de Naireïn :
-Eh bien, moi, je crois que les légendes peuvent se transformer en trésors. Et toi… tu sembles être la clé pour en découvrir un.
- Je ne recherche pas des trésors… mais peut-être que tu as quelque chose que je cherche. Qu'est-ce que tu sais des sirènes ?
-Les sirènes ? J'ai entendu des histoires, comme tout le monde. Mais je sais une chose : elles ont des trésors. Des trésors qu'elles cachent dans les profondeurs, sous des vagues menaçantes. Et peut-être… peut-être qu'un jour, je trouverai l'un de leurs secrets.
Le regard de Naireïn se fait plus perçant, elle sentait que Serena en savait beaucoup plus qu'elle ne voulait le laisser entendre
-Si tu crois que leur trésor est une simple collection de pièces d'or, tu te trompes.
Serena ria doucement
-Ne sous-estime jamais ce que l'on peut trouver là où personne ne s'aventure. Ce qui semble être sans valeur peut devenir l'objet le plus précieux de tous.
-Alors, montre-moi ce que tu as trouvé.
Un sourire victorieux, comme si elle venait de gagner une petite bataille Serena s'éloigna en tournant le dos à la jeune femme
-Tout est une question de savoir où chercher. Suis-moi, Naireïn. Je sais où se trouve les véritables trésors.
Plus tard, loin de l'agitation du port, Naireïn et Serena s'assirent sous un grand chêne, à l'écart, où les bruits du monde semblaient étouffés par les feuilles. Le vent souffle doucement, faisant bruisser les arbres, apportant une étrange sérénité dans l'air. Naireïn, pensive, caressait doucement le sac contenant les perles les yeux fixés sur celui-ci, d'un ton calme mais résolu
-Je dois les rendre… Ces joyaux, ce sont des trésors, mais ils ne m'appartiennent pas. Ce sont des joyaux de coquillage. Ils ont été récupérés dans des endroits sacrés de la mer, mais ce n'est pas à moi de les garder.
-Tu veux vraiment les rendre ? Ces joyaux ? Tu crois que les sirènes les méritent ? Elles volent les marins, elles les appellent pour les perdre dans les abysses ! Elles les tuent ! Ce sont elles qui causent les naufrages, pas des créatures innocentes !
-Les sirènes ne volent pas les marins, Serena. Ce sont les hommes qui provoquent ces naufrages. Les sirènes… Elles réagissent. Elles sont les gardiennes de la mer. Mais ces joyaux… je crois qu'ils ont une signification plus profonde. Je veux les rendre à la mer, à leur origine.
-Tu es naïve, Naireïn. Les sirènes les ont probablement volées, elles les récupèrent comme des trophées. Ces joyaux ne sont que des signes de leur cruauté. Tu veux vraiment leur donner ce qu'elles ont volé ? Elles nous ont causé assez de souffrances. Elles ont tué mon père, et c'est pour cela que ma mère a disparu… Comment peux-tu leur accorder la moindre confiance ?
Naireïn laissa un soupir s'échapper, sa voix se fait plus douce, presque triste :
-Je comprends ta douleur, Serena. Crois-moi, je la comprends mieux que tu ne le penses. Mais ce n'est pas la mer qui est la cause de tout ça. Ce sont les hommes qui ont trahi, qui ont menti et ont tué. Les sirènes… elles n'ont fait que répondre à leur douleur. Elles sont les gardiennes des secrets de l'eau, et je crois que ces joyaux doivent être restitués à la mer.
Serena dont les yeux brillaient d'une lueur de colère, se leva brusquement, et répondit d'un ton acerbe :
- Tu ne vois pas ce qu'elles sont, Naireïn. Elles manipulent. Tu les vois comme des créatures perdues, mais ce sont des monstres. Et tu veux leur donner ces joyaux ?! Pourquoi ne pas les garder pour toi et t'en servir pour nous débarrasser de cette souffrance ? C'est ce que je ferais.
Naireïn se leva lentement, la voix tranquille mais ferme, elle s'approche de Serena et d'un ton calme murmura :
Parce que ce n'est pas ce que je veux, Serena. Ce n'est pas pour moi. Si je les garde, qu'est-ce que ça changeait ? Rien. Ce serait juste une autre histoire de pouvoir et de possession. Et moi, je veux réparer ce qui a été brisé.
-Réparer ? Mais les sirènes ne veulent pas de réparation ! Elles ne veulent que leur pouvoir. Elles ne te remercieront pas, Naireïn. Elles te verront juste comme une intruse.
- Je ne fais pas cela pour obtenir des remerciements, Serena. Je fais cela pour la mer, pour celles qui ont été oubliées, pour toutes celles qui n'ont jamais eu de voix. Et même si elles ne me remercient pas, peu importe. J'ai choisi de les rendre.
Le silence s'installa quelques instants, le regard de Serena se posa sur Naireïn, puis sur le sac de toile, son ton s'adouci :
« Je… je ne comprends toujours pas, Naireïn. Je n'arrive pas à voir ce que tu vois en elles.
S'approchent doucement de Serena, lui posant une main sur l'épaule Naireïn chuchota
-Tu ne comprends pas encore. Mais tu finiras par le faire. Parfois, il suffit de faire confiance, même sans tout savoir. Je te demande juste de me suivre, d'abord. Nous verrons bien ce qui arrivera.
Serena baissa les yeux, murmurant-
Peut-être....
Serena, méfiante mais intriguée, ne la laissa pas partir seule. Si Naireïn avait raison, alors elle voulait voir cette vérité de ses propres yeux.
Peut-être était-elle encore animée par la cupidité.
Peut-être voulait-elle s'assurer que Naireïn ne la trompait pas.
Peut-être, au fond, espérait-elle simplement comprendre.
Ainsi, deux femmes, unies par le doute et la méfiance, mirent le cap vers les légendes que le monde refusait de croire.
Et la mer, silencieuse, attendait leur arrivée.
chapitre 3 : Alva
Les tavernes du bout du monde regorgent de marchands et de pirates, de fables et de mensonges. Les marins y échangent des trésors, des rumeurs et des promesses qu'ils ne tiendront jamais. Mais parmi eux, une seule femme osait dire tout haut ce que personne n'admettait.
Cette femme, c'était Alva.
Naireïn et Serena la rencontrèrent dans une ville portuaire oubliée des cartes, là où les navires fatigués mouraient parfois, là où les marins perdaient leur fortune et leurs âmes dans les tavernes humides.
Alva ne ressemblait à aucun autre Pirate.
Elle était vêtue comme un homme. Un pantalon large de marin, des bottes de cuir rapées par l'eau salée, une chemise blanche aux manches rétroussées et un long manteau de capitaine dont elle semblait avoir hérité d'un passé mystérieux.
Son corset marron, autrefois conçu pour modeler une silhouette féminine, avait été taillé pour seulement enserrer sa taille, transformé en une serre-taille de pirate.
Elle portait ses vêtements avec assurance, sans chercher à masquer ce qu'elle était. Son charisme naturel était troublant : à la fois imposante et douce, forte et insaisissable.
Elle attira immédiatement l’attention des deux femmes.
Après tout qui de mieux qu'un pirate pour les aider ?
Quand Naireïn et Serena lui parlèrent des perles et des sirènes, elle les écouta en silence, impassible. Puis elle sourit, d'un sourire amer.
-Vous aussi, vous croyez à ces histoires ? demanda-t-elle en croisant les bras.
- Tu veux dire aux légendes des sirènes voleuses ? répondit Serena avec défiance. Celles qui arrachent les marins à leur bateau, qui engloutissent les richesses et ensorcellent les hommes ?
- Celles-là mêmes.
Un silence s'installe.
Puis Alva éclata de rire.
- Les hommes ne sont que mensonges. Alors pourquoi les croire ?
Ses mots frappèrent comme une boiteuse.
Serena, qui avait passé sa vie à détester ces créatures, sentait une fissure s'ouvrir dans ses certitudes.
Naireïn, qui cherchait des réponses, sentit un frisson lui parcourir l'échine.
- Tu dis ça comme si tu connaissais la vérité, murmura Naireïn.
- Non. La vérité, seules les sirènes la connaissent.
Un vent glacial siffla entre les mats des navires endormis.
Alva pose les mains sur la table et se pencha vers elles.
- Mais ce que je sais, c'est que ce que disent les hommes est faux.
- Comment peux-tu être certaine ? demanda Serena.
- Regarde autour de toi, regarde les. Tous aussi cupides les uns que les autres
et … aussi parce que j'ai vu des sirènes.
Un frisson parcouru les jeunes femmes, qui sentirent que le calme était revenu à la taverne. Des dizaines de regards posés sur ces 3 femmes à table.
Serena serra les poings. C'était impossible. Aucun marin ne pouvait survivre à une rencontre avec ces créatures, encore moins une femme seule.
Mais Alva ne mentait pas.
- Elles n'étaient pas comme on les décrites, reprit-elle d'une voix calme. Elles ne chantaient pas pour attirer les hommes, elles ne pillaient pas les navires. Elles fuyaient.
- Elles fuyaient ? Chuchota Naireïn en s'assurant que personne ne les entende
- Oui. Comme si elles avaient peur. Comme si elles craignaient quelque chose de bien plus terrible.
Un silence s'étira entre elles.
Puis, Alva se redressa avec assurance avant de boire une gorgée de bière.
- Je peux vous conduire jusqu'à l'endroit où je les ai vues. Une baie cachée, au bout des mers.
Serena et Naireïn échangèrent un regard.
Il était rare d'apercevoir une sirène. Rarissime de pouvoir les approcher.
Mais elles n'avaient plus le choix.
Si elles voulaient la vérité, elles devaient aller au bout du monde pour la trouver.
Ainsi, sous la lumière pâle d'une lune vieillissante, une pirate, une sorcière et une marchande des mers mirent le cap vers l'inconnu.
Là où l'océan gardait jalousement ses secrets.
Là où les légendes n'étaient plus des contes.
Là où les sirènes attendaient.
Chapitre 4 : Izoria
Le bateau arriva à destination après un long périple mais l'eau était étrangement calme.
Les trois jeunes femmes attendirent longuement en observant l'eau mais rien.
Rien à part le silence.
-il n'y a rien ! J'en étais sûr murmura Serena
-Non il ya quelque chose qui cloche répondit Alva . Ce sont les hommes !
-Les hommes ?
-Oui, nous devrions y aller seules. S'avancer avec la barque. Elles auront peut-être moins peur. Le navire est rempli d'hommes et même s'ils ont fait le serment de te suivre Naireïn, elles resteront cachées en leur présence.
La brume flottait autour de la barque, enveloppant les trois jeunes femmes dans une atmosphère lourde, presque étouffante. L'eau était calme, mais le silence était si dense qu'il semblait prêt à éclater à tout moment. Naireïn tenait fermement l'amarre, ses yeux balayant l'horizon dans l'attente de quelque chose, ou de quelqu'un. Serena, toujours sur ses gardes, scrutait les ombres dans la brume, tandis qu'Alva, plus calme, observait l'eau, cherchant à comprendre la profondeur de ce silence.
Soudain, un mouvement furtif, un éclat d'écailles, attira leur attention. Une silhouette émergea de l'eau avec la grâce d'une créature légendaire. Ysoria, la sirène, apparut, ses cheveux sombres flottant autour d'elle comme des algues. Ses yeux brillaient d'une lueur méfiante, fixant les trois femmes.
-Pourquoi venez-vous ici, humaines ? Ce lieu est sacré. L'eau n'est pas votre domaine.
Serena se redressa, son épée prête, la défiant d'un regard.
-Les légendes disent que vous êtes traîtresses, que vous attirez les hommes pour les engloutir. Nous ne venons pas en ennemis, mais ne testez pas ma patience.
Ysoria plissa les yeux, son regard froid glissant sur la jeune femme
-Les hommes sont venus… et ils ont tous disparu. Mais vous, vous ne semblez pas être des hommes. Pourquoi devrais-je vous croire ?
Alva, qui observait la sirène avec une certaine compréhension, se pencha en avant. Sa voix douce mais ferme coupa la tension croissante.
-Je vous ai déjà vue. Il y a longtemps… dans les brumes du port, lorsque les vagues frappaient les rochers. Vous vous cachiez dans l'ombre, mais je vous ai un aperçu.
Ysoria semble hésiter, ses yeux s'écarquillant légèrement alors qu'elle observe Alva avec plus d'attention. Un léger frisson parcourt la sirène, mais elle reste silencieuse.
-Vous… Vous m'avez vue ?
-Oui. Mais je ne suis pas ici pour vous faire du mal. Je viens avec mes amies, à la recherche d'une vérité, pas d'un combat.
Ysoria plongea son regard dans celui d'Alva, recherchant la sincérité. Le vent souffle doucement, soulevant la brume, mais l'atmosphère reste tendue. Après un long moment, Ysoria tourna son attention vers Naireïn.
Elle fixa la cicatrice qui marquait son bras, la peau encore légèrement rouge autour de la blessure. Des écailles qui s'étaient formées près de la cicatrice brillaient d'une lumière étrange, comme si elles réagissaient à la présence de la sirène.
-Cette marque… Elle est ancienne. Ce n'est pas une simple blessure, n'est-ce pas ?
Naïreïn leva la main pour la montrer plus clairement, et sa voix était calme, presque mélancolique.
-C'est un souvenir d'un combat avec un homme, un capitaine. Mais… quelque chose d'autre s'est réveillé en moi après.
Ysoria observa la cicatrice pendant un instant, ses yeux cherchant à percer le mystère. Puis, enfin, elle sembla se détendre un peu, la méfiance s'effritant lentement.
Toujours suspendue entre la mer et la brume, elle fixa Naireïn un long instant. Sa voix s'éteignait presque dans le murmure du vent lorsqu'elle prononçait les mots qui brisaient le silence.
-Vous n'êtes pas comme les autres… » Elle hésita, puis murmura avec une lueur de doute
Que voulez-vous, humaines ?
Naireïn serra ses poings autour de l'amarre de la barque, sentant une étrange chaleur émaner de la cicatrice qui marquait encore son bras. Elle inspira profondément, comme si chaque mot qu'elle allait prononcer était porteur d'un lourd secret.
-Je détiens un trésor… un trésor que je veux rendre. Il ne m'appartient pas, et il ne devrait jamais appartenir à ceux qui l'ont pris.
Ysoria sembla se tendre, son regard scrutant Naireïn avec une intensité presque surnaturelle. Elle baissa la tête un instant, réfléchissant, avant de répondre d'une voix plus basse, pleine de méfiance.
- Un trésor… Que vous voulez rendre ? Et pourquoi cela vous inquiéterait-il ? Que cachez-vous ?
Serena, qui observait toute la scène avec une vigilance presque fébrile, se fit entendre, son ton toujours empreint de soupçon.
-Les sirènes ne donnent rien sans contrepartie. Pourquoi devrions-nous vous le dire sans être sûr que vous nous ferez pas de mal ? Après tout, rien n'est jamais gratuit avec les créatures de la mer.
Naireïn tourne son regard vers Serena, un éclat de sincérité et d'impatience dans ses yeux. Elle posa une main sur la surface de l'eau calme. Un léger tourbillon se forma à la surface de l'eau.
-Vous pouvez me croire. Ce trésor, ce n'est pas pour moi. C'est quelque chose qui appartient à votre monde, à votre mer. Et je veux le rendre avant qu'il ne détruise ce qu'il reste de ce royaume.
Ysoria fixa longuement Naireïn, ses yeux semblaient sonder son âme. La brume autour d'elles se fit plus épaisse, et l'air se chargea d'une tension palpable. Un long silence s'étira avant qu'elle ne parle à nouveau, sa voix moins acerbe mais toujours empreinte de doute
-Je ne sais pas si je peux vous faire confiance, mais quelque chose dans vos yeux… me dit que vous dites la vérité. Elle marqua une pause, semblant peser ses mots
Venez ce soir, sur la baie des Mers Voilées. C'est là que vous trouverez ce que vous cherchez. Mais soyez prudentes… ce n'est pas un lieu pour les faibles de cœur.
Et dans un éclat d'écailles et de brume, Ysoria a disparu, laissant derrière elle une mer calme mais lourde de mystères. Les trois femmes restèrent silencieuses un instant, les yeux perdus dans la brume qui s'étendait sur l'horizon.
-Elle a parlé de la baie des Mers Voilées. C'est un endroit ancien, connu des sirènes, mais rarement fréquenté. C'est à environ une journée de bateau Murmura Alva
- Je ne fais pas confiance à cette créature. Mais si ce qu'elle dit est vrai, nous devons y aller. a répondu Serena
- Ce trésor… nous devons le retrouver avant qu'il ne fasse plus de mal.
Dans la brume épaisse, la barque glissa lentement, portée par le courant. Le vent soufflait doucement, apportant une odeur salée, presque mystique. Les trois jeunes femmes se regardaient, déterminées, mais le poids du secret qu'elles portaient semblaient encore plus lourds maintenant. Le soleil se levait , et avec lui, un nouveau mystère qui pourrait bien changer le cours de leur aventure.
chapitre 5 : les perles D'argent
Serena, le regard empli de scepticisme et de crainte, scrutait l'horizon.
« On aurait dû revenir en arrière », murmura-t-elle, la voix pleine de doute. « Regardez cette tempête ! Les hommes ont raison, c'est un piège. C’est trop dangereux.
Mais Naireïn, sans même détourner son regard de la mer, répondit d'une voix calme mais pleine de détermination.
-Ce n'est pas le moment de revenir en arrière. Nous avons choisi d'être là.
Et en effet. Une tempête approche
Alva, elle, semblait plus sereine, mais ses yeux trahissaient une tension sourde.
-Elle nous a appelées. Nous devons aller jusqu'au bout.
Les vagues déferlaient avec force, engloutissant le monde autour d'elles, rendant chaque mouvement incertain. Après plusieurs heures de navigation précaire, elles aperçurent enfin un endroit extraordinairement beau, mais d'une impraticabilité évidente. Des rochers énormes surgissaient du fond de l'océan, formant un cirque naturel. La mer s'apaisait légèrement, mais l'endroit semblait à la fois magique et menaçant.
- C'est ici dit Alva en fixant les formations rocheuses avec un éclat de compréhension.
-On ne peut pas y accoster avec le bateau, répondit Serena, la méfiance toujours présente dans sa voix. Nous devons continuer, sur la barque.
sans hésiter, elles descendirent de leur navire. Des voix bruyantes, des cris, se firent entendre derrière elles.
Les hommes du navire, effrayés par la violence de la tempête et avides de trésor, avaient pris une décision.
-Les sirènes ont des trésors ! Nous devons les suivre ! clama l'un d'eux, et bien vite, une mutinerie éclata parmi les marins. Des voix s'élevaient, réclamant leur part du butin, tandis que d'autres, plus peureux, hésitaient encore.
Les trois jeunes femmes tentèrent de les raisonner. «
- ce n'est pas pour leur voler leur trésor que nous sommes là » cria Alva, mais les hommes, aveuglés par la cupidité, étaient trop loin de tout compromis.
Naireïn, les yeux brillants d'une lueur farouche, ordonna aux deux autres :
- prenez le coffre et montez sur la barque, partez maintenant ! Je vous rejoins!
Sans un mot de plus, les deux jeunes femmes montèrent précipitamment sur le barque, le cœur lourd, tandis que Naireïn coupa d'un coup sec la corde qui maintenait en l'air l'embarcation. Puis , ses yeux se fixant sur la troupe de marins enragés.
D'un geste rapide, elle dégaina son sabre et se prépara à affronter ceux qui se jetaient sur elle. Mais avant que la violence ne s'intensifie, Naireïn leva son bras, recouvert de la cicatrice éclatante.
- C'est ainsi que tout a commencé, cria t'elle. Ne vous souvenez donc pas ? Avez-vous oublié par quoi nous avons du passer ? Avez-vous oublié nos promesses ?
-Tu vas nous mener droit à la mort si tu continues à t'obstiner à copiner avec ces créatures ! cria l'un des hommes, motivé par les autres
-Nous ne sommes pas là pour la charité ! Mais pour survivre ! Elles sont la cause de tout nos malheurs alors moi je dis qu'elles doivent mourir ! Répondre à un autre homme
-Vous ne me laissez donc plus le choix murmura-t-elle dans un souffle, comme pour elle-même. Elle laissa la lueur de la cicatrice prendre toute la place, et dans un éclair d'énergie sauvage, un tourbillon de feu et d'eau se déchaîna autour du navire. Le tourbillon engloutit le bateau tout entier, les flammes dansant parmi les vagues furieuses. La tempête prend une tournure apocalyptique, engloutissant tout sur son passage.
À la surface, Naireïn émergea lentement, presque majestueuse, comme une apparition sortie des abysses. dans le silence alors, elle nagea, implacable, vers la barque où ses deux amies l'attendaient.
Lorsqu'elle arriva à leur côté, elle monta silencieusement à bord, trempée mais calme, jetant un œil au coffre. Ses deux amies la regardaient, choquées mais sans un mot.
Le vent soufflait fort, hurlant à travers la brume comme une bête enragée. La mer, déchaînée, jetait leur barque de gauche à droite, mais les trois jeunes femmes restaient fermes, leurs regards fixés sur l'horizon. Le navire derrière elles, maintenant perdu dans l'obscurité de la tempête, semblait aussi voué à la disparition. L'eau frappait contre la coque avec une violence inouïe, et le vent sifflait comme une menace constante tandis que le feu consommait ce qui restait d'un navire autrefois majestueux.
Et quelques longues minutes plus tard, la tempête derrière elles semblait déjà lointaine, comme si elle n'avait jamais existée. Le calme de la baie, n'offrait cependant aucun réconfort, seulement un silence lourd, une attente.
-Tu n'avais pas le choix dit Alva d'une voix grave, brisant enfin le silence.
Les hommes étaient prêts à tout. C'était la seule façon de les arrêter.
Serena, toujours aussi méfiante, baissa les yeux vers la mer. Elle n'osait pas parler, mais une peur invisible se lisait dans son regard.
-Les sirènes… que va-t-il se passer ?
Naireïn garda le silence, fixant l'eau devant elles. Ses écailles brillaient encore sous la lumière de la lune, et son bras, bien que calme, semblait marqué par une énergie indomptable.
Quelques instants plus tard, elles aperçurent un immense rocher, entouré de plusieurs petites formations rocheuses. Ces derniers formaient un cercle parfait autour d'un espace, qui semblait comme un temple perdu, une arène sacrée.
Elles accostèrent, les pieds trempés par l'eau glacée. Elles s'étaient rapprochées, lentement, comme si la mer elle-même les avait guidées.
Le silence persista alors qu'elles se mirent à attendre. Le temps semblait se suspendre. La brume continuait de les envelopper. Les vagues étaient les seules à briser la quiétude de la scène.
Serena, les yeux fixés sur le vide de l'océan ne pouvaient s'empêcher de murmurer, son ton empli de doute :
-Je suis sûr. Elle nous a menti. Elle a manipulé les hommes, et nous avons tout perdu… Il y a quelque chose derrière tout ça.
Alva la fixa, calme mais résolue.
-Tais-toi, Serena. Ce n'est pas le moment de douter. Ce que nous avons vu, ce que nous ressentons… C'est la mer qui nous guide. Elle nous a parlé. La sirène nous a dit que la mer nous jugerait, ce n'était sûrement pas une métaphore.
Serena la regarda, toujours pleine de scepticisme, mais un frisson la traversa.
-Et si elle nous a trahies ?
Mais Alva n'a pas répondu . Son regard se pose sur Naireïn. La cicatrice, toujours visible, semblait scintiller sous la lumière de la lune.
-Regarde autour de nous , murmura-t-elle.
Nous sommes là pour une raison.
Le calme, cependant, n'évacua pas le sentiment étrange de danger. Elles étaient au cœur du cercle, là où tout allait changer.
De longues minutes passèrent jusqu'à ce que la nuit soit tombée et que seules les étoiles éclairent les vagues.
Et puis, elle sont arrivées .
Chacune d'une beauté a coupé le souffle, se posant individuellement sur un rocher autour des jeunes femmes ne formant un cercle parfait. Le silence s'épaissit, une tension palpable flottait dans l'air tandis que les sirènes les entouraient, leurs regards perçants rivés sur Naireïn et ses amies. Serena, les yeux fixés sur les sirènes, ne pouvaient s'empêcher de murmurer, son ton empli de doute :
-Je suis sûr que c'est un piège
Alva, son visage impassible, répliqua d'une voix calme mais ferme :
-Tais-toi, Serena.
Naireïn, cependant, restait silencieux, observant son bras avec une étrange concentration. Les écailles, à présent plus visibles, semblaient s'étendre davantage, réagissant à l'utilisation de son pouvoir. Elle sentit la chaleur du pouvoir en elle, une force qu'elle avait à peine commencé à comprendre.
Puis, tout à coup, une sirène apparu , majestueuse, bien plus belle que les autres, son éclat surpassant tout ce qu'elles avaient vu. À ses côtés, Izoria, la sirène qu'elles avaient rencontré le matin même se tenait à sa droite, ses yeux brillants d'une sagesse ancienne.
Miraë, la reine des sirènes, s'avança. Son regard était profond, insondable, mais une lueur de curiosité s'alluma dans ses yeux.
-Je suis Miraë. Et vous, qui êtes-vous, celles qui sont les seules survivantes de ce naufrage ?
Naireïn, avec calme et dignité, s'avança à son tour.
-Je suis Naireïn. Voici Alva et Serena. Nous venons d'un bateau en mer. Et… j'ai quelque chose pour vous.
Elle ouvra le coffre qu'elle portait, et les perles brillèrent, capturant la lumière comme des étoiles capturées dans la mer.
Les sirènes, choquées, échangèrent des regards. "Un trésor ?" murmura l'une d'elles, tandis que Miraë les observait avec une intensité nouvelle.
-D'où vient ce trésor ? demanda Miraë, un léger soupçon dans sa voix.
Naireïn expliqua calmement : «
-Je travaillais sur un bateau. Un coffre a été découvert, et j'ai compris qu'il n'appartenait pas à des marins disparus. J'ai décidé de le rendre à son véritable propriétaire. Ce n'est pas un butin volé. C'est un retour aux origines.
Les sirènes murmurèrent entre elles, certaines hésitantes, d'autres se montrant plus sceptiques.
-Ne les croyez pas , dit l'une d'elles en pointant Alva,
-Ce sont des pirates !
Mais Izoria intervint occasionnellement, sa voix ferme et pleine de sagesse.
-Elle dit la vérité. Ma reine, regardez son bras. Regardez autour de vous. Le bateau a brûlé, et ce n'est pas un pouvoir de sirène. Croyez-vous qu'elle aurait détruit son propre navire juste pour nous duper ?
Les murmures s'intensifièrent.
-Ne les croyez pas disaient les autres sirènes.
-Les hommes nous ont trop dupées. Alors ils ont envoyé des femmes à leur place
Cependant, Miraë, qui n'avait pas détourné les yeux de Naireïn, se rapprochait lentement de celle-ci à la nage. Elle semblait voler dans les eaux. Ses doigts effleurèrent délicatement la cicatrice sur son bras. Elle la fixa, et, dans un éclair de compréhension, son regard se transforma. Elle comprit. Elle le savait.
-Il y a longtemps… commença-t-elle, sa voix tremblante d'émotion.
Quand j'étais encore humaine…
-Humaine ? murmura Alva, surprise.
Miraë poursuivit, son regard plongé dans les souvenirs :
- J'habitais un village lointain, au bord d'une mer déchaînée. Là-bas, les femmes nées avec cette cicatrice sur les bras étaient les filles de Primeria, la première sorcière verte. La fille de Laënia.
Les trois jeunes femmes écoutaient attentivement, et Naireïn , curieuse, demanda :
-Vous venez de Mireaalys ?”
En effet Laënia est un personnage très important dans l'histoire du continent. Elle donna naissance à la toute première sorcière à la flamme verte. Et depuis ce pouvoir héréditaire voyagea à travers le continent.
-Oui, c'était il y a bien longtemps. J'étais jeune, pleine de rêves, jusqu'à ce que tout soit emporté par la mer. Mais la mer m'a appelée, m'a attirée quand j'ai tout perdu. C'est là que j'ai rencontré Elyria, qui m'a recueilli.
Alva fixa Miraë, ne comprenant pas totalement.
-Elyria ? Vous parlez de votre déesse ?
Miraë répondit d'une voix douce mais pleine de puissance :
-Oui, Elyria est notre déesse. Nous lui offrons nos larmes, et elle les transforme en perles, comme celle-ci.
Les trois jeunes femmes se tournèrent vers le trésor de perles, et soudain, la vérité éclata dans leurs esprits.
-Les perles… ce sont les larmes des femmes des marins disparues ?demanda Serena, la voix pleine de compréhension.
- Oui. Elles versent leurs larmes pour ceux qui sont perdus en mer. Elles pleurent pour ceux qui n'ont jamais pu revenir.
Serena, la gorge serrée, demanda
-Mais si vous pleurez les marins, qui les fait se perdre en mer ?
La réponse de Miraë fut simple et lourde de sens :
-Leurs propres cupidités.
Le silence s'installa, lourd de cette révélation. Mais avant que l'atmosphère ne puisse se référer, un autre événement se produit.
Miraë se tourna vers Naireïn, son regard empreint de gravité et de sagesse, comme si chaque mot qu'elle allait dire portait le poids d'un savoir ancien. Elle regarda ensuite les perles étalées dans le coffre, observant leur éclat d'un regard à la fois étonné et respectueux. Elle les toucha, semblant émue par des histoires que seule elle pouvait comprendre.
Son regard est lourd de mémoire et d'émotion. La mer, calme autour d'elles, semblait écouter chaque mot, chaque murmure qu'elle prononçait. Après un silence, elle reprit, sa voix se faisant plus grave et marquée par le poids du passé.
-Les hommes ont découvert les perles, les trésors des mers. Ils ont vu dans nos larmes un pouvoir qu'ils ne comprenaient pas, mais qu'ils voulaient à tout prix posséder.
Elle marqua une pause, les sirènes autour d'elle s'échangèrent des regards, avant de reprendre d'une voix empreinte de douleur.
-Certains, pris par la cupidité, ont maltraité les femmes, ou bien ont capturé les sirènes espérant qu'elles versent ces larmes qu'ils pouvaient récolter. Mais ce qu'ils ne savaient pas c'est que seules les larmes versées pour un être disparu se transforment en perles. Ils nous ont fait subir d'horribles traitements afin d'espérer voir nos larmes se transformer en joyaux. En vain. Alors pour cacher leur perfidie, ils nous ont traqués, propageant de sombres légendes sur nous.
Les trois jeunes femmes écoutaient attentivement, se sentant de plus en plus envahies par la gravité de la situation. Miraë tourna ses yeux sombres vers le coffre de perles, avant de continuer.
-Ils les volaient pour les vendre, les exposer, sans comprendre que chaque perle n'est pas juste une simple gemme. C'est une âme, une douleur, un souvenir.
Et depuis, nous sommes contraintes de nous cacher. Ils nous ont rendu invisibles, mystérieux, et ils nous méprisent. Ils nous traitent comme des monstres, comme des fantômes.
Les larmes… les perles sont les larmes de nos mères, de nos sœurs, des femmes de marins perdues en mer. Chaque perle porte l'histoire d'un homme disparu, d'un amant perdu à cause de l'avidité des hommes.
C'est la cupidité qui provoque leurs disparitions. Chaque naufrage, chaque souffle de tempête est provoqué par la folie des hommes. Ils croient que l'océan peut être dompté, mais il est un miroir de leurs cœurs.
Un silence lourd suivit ses paroles, et les sirènes se regardèrent, leurs visages marqués par la colère et la tristesse. Miraë continua, la tristesse l'emportant sur sa sagesse
-Ils ont tué notre liberté. Ils ont détruit la beauté de notre monde, et nous avons dû nous cacher, fuir.
Alva, les poings serrés, regardait les sirènes.
-C'est leur cupidité qui a engendré tout cela, leur manque de respect pour ce que vous êtes, pour ce que nous sommes.
Naireïn s'avança un peu, son regard fixé sur la reine.
-Mais vous avez survécu. Vous avez résisté. Vous avez ce trésor.
Miraë acquiesça lentement.
- Oui, nous avons survécu. Mais ce n'est pas sans douleur. Nous avons dû fuir sous les vagues, sous l'ombre des rochers. Nous avons dû nous faire des invisibles. Mais grâce à ce trésor, nous sommes encore là, nous et notre vérité.
Elle se tourna alors vers Naireïn, et un silence s'installa. Les deux femmes se fixèrent longuement, les yeux emplis de compréhension et de respect. Miraë posa sa main sur les bras de Naireïn, touchant la cicatrice de sorcière.
- Tu as fait ce que nous n'osions pas faire. Tu as affronté ce monde, tu as brisé les chaînes du mensonge. Pour cela, je vous remercie, Naireïn. La mer vous a choisit.
Naireïn, émue, ferma les yeux un instant. Elle avait toujours su que sa destinée allait au-delà de ce qu'elle imaginait.
-Je n'ai fait que suivre mon cœur, mais je suis honorée d'être ici.
Un silence se fit entre les deux femmes, un instant suspendu, avant que Serena n'ose poser une question.
-Mais… si la mer nous a choisi, pourquoi ?
Miraë, avec un léger sourire, se tourne vers Serena, ses yeux s'adoucissant.
-La mer vous a choisi, parce que chacune de vous est liée à nous.
Vous êtes ici pour des raisons bien précises.
Les trois jeunes femmes se tournèrent vers elle, leurs yeux pleins d'attente.
Miraë tourne lentement la tête vers Serena.
-Serena… La mer t'a choisie pour retrouver un être perdu, quelqu'un que tu as cru perdu à jamais. C'est à toi qu'il incombe de ramener l'espoir là où il semblait n'y en avoir plus. Et laisser s'envoler le voile de la colère qui te nourrit depuis tant d'années.
Serena se sentit envahie par une vague d'émotion. Elle savait exactement de qui parlait Miraë, mais la perspective de revoir sa mère semblait encore trop irréelle, un frisson traversant son corps.
Miraë tourna son regard vers Naireïn, et un sourire plein de sagesse se dessina sur ses lèvres. "
-Naireïn, toi… tu as un autre rôle. Celui de suivre ton propre chemin, d'accomplir de grandes choses. Les pouvoirs que tu possèdes, cette flamme verte en toi, est là pour te guider. Pour une raison que j'ignore elle a fusionné avec les océans. Tu es la clé d'un équilibre fragile, tu es la gardienne des mers comme le fut autrefois Elyria.
Les paroles de Miraë résonnèrent profondément en Naireïn. Elle savait que son voyage ne faisait que commencer.
- Je ferais tout ce qui est nécessaire
répond-elle simplement, mais avec une détermination inébranlable.
Enfin, Miraë tourna son regard vers Alva, et un éclat de reconnaissance brilla dans ses yeux.
- Et toi, Alva, tu es celle qui rétablira la vérité, qui la diffusera à travers le monde. Tu porteras cette vérité, et ton histoire sera racontée. Tu as été la première à nous approcher , à nous comprendre , à nous croire. Tu dois parcourir la mer, parcourir les terres, pour réveiller ceux qui dorment, pour rétablir l'équilibre.
Alva acquiesça, son regard brûle de feu.
-Je prendrai cette vérité avec moi, je la porterai à travers les océans. Ceux qui l'entendront sauront. Ils sauront la vérité.
Les sirènes se mirent à parler doucement entre elles, des murmures d'accords et de bénédictions. Miraë, avec un regard empli de bienveillance, fit un geste vers l'horizon, là où la mer semblait appeler au-delà de la brume.
- La mer vous a choisies, et vous allez accomplir vos destins. La mer vous guidera, mais souvenez-vous, c'est la vérité et l'espoir qui doivent vous mener. Et certaines choses alors perdues pourraient bien être retrouvées.
C'est alors que Serena, tremblante, sentit une présence familière. Un doux murmure, une silhouette émergeant de l'eau, et avant qu'elle ne puisse réagir, une main douce et familiale se pose sur son épaule. Elle se tourne lentement, ses yeux s'emplissant de larmes.
-Maman… ?
La sirène sourit doucement, ses yeux brillants de larmes elles aussi.
-Serena… je suis désolée. Je n'ai pas pu te dire au revoir. Mais je suis là, toujours là.
Les deux femmes se jetèrent dans les bras l'une de l'autre, pleurant ensemble, un moment d'émotion pure. Le destin, enfin, les avait réunies.
Et Serena retrouva enfin ce qu'elle avait perdu .
Miraë regardait cette scène avec bienveillance, son regard était empli de fierté et de sagesse. La mer les avait choisies, et maintenant, elles allaient accomplir leur destinée.